Il fut un temps où ma Bidulette n'avait pas trop d'amis, et n'en cherchait pas vraiment. Elle fréquentait le mythique site caramel à la recherche de quelques mâles en manque de sexe pour les envoyer sous la Tour Eiffel voir si elle n'y était pas... et effectivement, elle n'y était pas. Mais jamais jusqu'à maintenant, elle n'avait eu le loisir de contempler le dépit de ses proies, lire dans leur regard toute la déception de ne pouvoir tirer leur coup ce soir-là.

Comme je dis souvent, j'aime à penser que je suis un bon observateur de la condition humaine, et je ne pouvais pas passer à côté de la connaissance de la misère sexuelle caramelienne. Après quelques heures passées sur ce site, ma Bidulette rencontre une personne qui accepte un rendez vous, sans même penser à demander une photo ou un numéro de téléphone, mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

Nous arrivons un peu en avance au rendez-vous de 20h30, dans un bar nommé le Faucon pour en rencontrer un vrai, je prends un café, ma Bidulette n'aime pas ça, elle veut un chocolat chaud, mais la machine est cassée, elle veut un jus de pamplemousse, mais le barman ne connait pas ce fruit exotique... elle se rabat donc sur un jus d'orange.

20h27 Il arrive, commande une bière, s'installe près de la fênetre, à quelques mètres de nous, dit bonjour à l'homme à la table à côté de lui. Puis attend.

20h31 Il sort son portable de sa poche d'une manière qui a beaucoup amusé ma Bidulette, qui en parle d'ailleurs si justement "je saurais pas le décrire mais c'était à mourir de rire, on avait l'impression que sa poche était le sac de Marry Poppins... ou bien qu'il se grattait les couilles au passage".
Il fait mine de passer un coup de fil, histoire de ne pas avoir l'air trop con à attendre.

Pendant ce temps là, ma Bidulette et moi nous nous agitons sur notre banquette au rythme de la dernière chanson de Britney. Au moins si on avait l'air cons, il y avait pire pour une fois dans le bar.

20h34 Il passe un vrai coup de fil très bref (du moins il parle dans son téléphone) tentant de garder l'air cool et détaché, mais n'oubliant pas de regarder 10 fois par minute par la fenêtre si sa dulcinée d'une nuit n'arrive pas.

20h40 Commençant à se sentir un peu bête, s'imaginant surement que tous les pochtrons du bar le regardaient (alors que bon, on était que 2 à se foutre de lui) et toujours dans un soucis de garder une attitude cool, il se lève, va faire un tour près du billard, revient s'asseoir, commence à boire sa bière et se met serieusement à douter.
Là, plus de doutes, 3e coup de fil et réel cette fois-ci, sans doute pour dire à un ami auprès duquel il s'était vanté d'avoir eu un rendez-vous, qu'il y est allé et que la fille était trop moche alors qu'il est vite reparti. A ce stade des évènements, sauver la face devient une priorité.

20h47 Toujours scrutant par la fenêtre, il boit sa bière, l'espoir s'efface de son visage. Une dernière gorgée, il se lève, paye au barman, s'enfile sur la tête un affreux bonnet à carreaux, enfile sa veste de djeunz Sergio Tacchini, quitte le bar, dépité, se retournant à plusieurs reprises vers le bar, pour surveiller une possible venue tardive de sa belle, ou juste pour nous voir en train de rire.

20h55 Notre (le)preu chevalier disparait dans l'ombre de la nuit en pensant au mail qu'il pourrait envoyer à son ex-dulcinée. Mail qu'elle vous livre ici :

"slt je sui decu que tu n es pas venu je pensai que tu etait serieuse quand tu me disait que tu voulai me rencontrer mais je vois que je me sui tromper.J espere qu il ne t es rien arriver sur la route si tu es es venues mais ca resemble plus a un lapin que tu ma poser.Allez a plus,

peut etre"

Un poète vous dis-je...

Chronique rédigée conjointement par Bidulo et Bidulette